Où je quitte le port…
Navigation houleuse, souvent. Mais jamais autant qu’avec ce roman ! Première traversée à destination des adolescents, c’est par Time Zone que je quittai les rivages de la série Magicus Codex après deux ans à pêcher dans les trous d’eau, coup d’épuisette après coup d’épuisette, les rocambolesques aventures de la petite Fantig.
L’étape était importante : mes trois premiers bouquins venaient de paraître et je quittais la terre ferme avec le projet fou de vivre de ma plume ! Sacrebleu, ce garçon est inconscient ! Fini le cabotage, je prenais la haute mer, vent pleine face ! Mon bagage d’écrivain était maigre, tout juste si je savais filer les métaphores marines. Il se pouvait qu’au final, mon bâtiment prenne l’eau.
Mon premier ordinateur portable sous le bras, je découvrais la joie d’écrire dans le train, les bistrots et les parcs publics sans avoir à retaper mon manuscrit une fois de retour à la maison. Je sentais mon sujet et m’amusais comme un fou. J’étais persuadé de tenir quelque chose ! Avec une intrigue pareille, ça ne pouvait que cartonner !
Où je coule par le fond…
Devenir écrivain, c’est noircir du papier ! Devenir écrivain, c’est trousser des rebondissements ! Devenir écrivain, c’est apprendre les figures de style (ici l’anaphore) ! Mais c’est aussi faire chou blanc à publier sa prose. Le texte de Time Zone s’est perdu dans une cinquantaine de maisons d’édition, il s’est égaré sur des bureaux surchargés, il s’est vu parcouru, feuilleté et même parfois lu dans son intégralité, pour ne susciter le plus souvent qu’une réaction désintéressée. Quelques éditeurs m’ont pourtant gratifié de retours autres que la sempiternelle lettre de refus type, des « oui, mais… », des « pas mal, persévérez… », des « bonnes idées, mais trop de métaphores marines… » On y gagne en humilité.
Où j’enchaine les abdos et les pompes…
Il fallait rebondir, se remettre en forme, travailler son foncier ! J’avais de nouveau l’idée du siècle pour un roman ado ! Finalement, ce truc avec des gens nés un 29 février qui commettent des meurtres ou qui empêchent que l’on commette des meurtres, c’était nul ! Ce qu’il fallait faire, c’était un truc de capes et d’épées avec comme toile de fond la grammaire française et la réforme de l’orthographe ! Décidément, ce garçon est un inconscient !
Le manuscrit de Time Zone a donc rejoint le dernier tiroir de mon bureau, en bas sur la droite, celui où j’abandonne des textes pour ne plus jamais les ressortir.
Fin de l’histoire.
Sauf que ! Sauf que l’idée avait tout de même plu à quelques-uns, et ces quelques-uns m’ont donné des conseils pour affermir le ventre mou qui ondulait flasquement de la page 80 à 120, pour muscler la fin, pour galber le style (fini les métaphores marines systématiques, je me lançais dans la métaphore athlétique et sportive : ventre mou, muscler, galber et tutti quanti…). C’est ainsi que le manuscrit s‘est évadé à plusieurs reprises du tiroir de la honte pour subir des corrections multiples et variées : un papa caché en plus, une histoire d’élection oiseuse en moins, une grosse explosion pour l’action, une histoire d’amour pour l’émotion.
Voilà pourquoi, imaginé et rédigé en 2011, revu une première fois en 2013, une deuxième en 2016 et une troisième en 2017 (la version à paraître est notée V7 dans mon dossier informatique) et après s’être appelé successivement : « 7h41, le temps s’arrête », « L’exil des Bartholons » et « Nés un 29 février », TIME ZONE ne voit le jour qu’aujourd’hui !
Où l’on remercie à tour de bras…
Dans l’ordre chronologique, voici celles et ceux qui m’ont aidé à parfaire cette histoire où il est question de temps figé, de service de tennis, d’hennin et d’hypocras :
– Maina, Alwena, Louis, Diane, Aline, Bleuenn, Nadia et Léna !
Et merci aux quatre Fantastiques de Locus Solus : Sandrine, Hélène, Julia et Florent qui, une nouvelle fois, ont fait un travail incroyable pour améliorer le texte ! J’ai particulièrement apprécié quand il a été question d’ajouter deux péripéties importantes au dernier moment ! Quarante pages à réécrire en trois jours ! Oui, je peux le faire, mais que ça ne devienne pas une habitude ! J’ai bien kiffé aussi la relecture intégrale du manuscrit au téléphone la veille du départ chez l’imprimeur, (mon oreille en est encore rouge). Il n’empêche que sans eux et sans ce labeur acharné et fébrile, je ne serais pas aussi fier de vous présenter aujourd’hui ce satané bouquin qui encombre mon esprit depuis maintenant six ans !
Bon débarras, pour moi… et bonne lecture, pour vous !