L’idée est amusante : le président de la République disparaît en forêt le soir de sa réélection et nous le suivons, lui et ses proches, pour voir ce que provoque en eux cet incident inattendu : son chauffeur, sa femme, son ami d’enfance, sa directrice de campagne et ainsi de suite.
Pourquoi pas. Le ton est léger, c’est bien écrit. Ça se veut mordant, mais on utilise l’imparfait du subjonctif fort à -propos (et sans que ça fasse ridicule, bravo). Le parallèle entre la musique française, celle du début du XXème siècle, Debussy et Ravel en tête, faisant échos à la petite musique politicienne qui nous est si familière. Là aussi, pourquoi pas.
Pourtant, le compte n’y est pas. J’aime qu’on me raconte une histoire, et ici il n’y en a pas. Une succession de portraits, plus ou moins bien tournés, oui. Mais guère plus. La charge critique est bien convenue, certains personnages flirtent avec le cliché, tout ça manque de relief et de cruauté. Si le pessimiste constat que notre système politique est à bout de souffle est réhaussé par un message optimiste : la musique sauve, la musique rend les gens meilleur, la musique fait advenir le meilleur en eux, cela ne suffit pas vraiment à convaincre. Pourtant, je partage le point de vue absolument : seul compte le chant. Le reste n’est qu’accessoire, comme la course à l’Élysée.
J’aurai préféré autre chose. Sur le même thème : l’examen de conscience d’un homme puissant lors d’un incident de santé, et avec la même conclusion – une fois l’introspection terminée, le naturel revient au galop –, on lira plus avantageusement le chef-d’œuvre de Simenon, les Anneaux de Bicêtre.
Merci à Masse Critique pour cette lecture.
Musique Française : Fantaisie pour la pluie
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