TIME ZONE – Le Secret des Bartholons

Quel comédien !

Quand mon éditrice et mon éditeur préférés, au vu du succès, m’ont demandé d’écrire une suite à Time Zone, je me suis exclamé que bien sûr, avec plaisir, déjà plein d’idées, et tout et tout. Ce n’est pas beau de mentir… mais ça reste la base du métier de romancier, non ?

Après mon numéro d’acteur, je me suis gratté la tête durant des semaines, pris des quantités de pages de notes et finalement jeté mon dévolu sur Martine pour la promouvoir figure centrale de ce tome II.

Martine et Cèdre superstars !

J’ai toujours eu un faible pour cette vieille bique (vaguement inspiré de ma grand-mère) et plusieurs lecteurs m’avaient aussi fait part de leur affection pour le personnage. Tout est parti de cette anecdote qu’elle rapporte à Manon dans le tome I : lors de son premier Exil, Martine se retrouve face à son Curator, un dénommé Gardamo qui parle avec l’accent de Toulouse. Je me suis demandé qui était cet homme et quelle relation il avait pu entretenir avec une forte tête comme Martine.

Voilà.

Et puis, comme souvent, les idées ont coulé d’elles-mêmes. La rédaction du premier tome datant de 2011, il m’a semblé, moi aussi, avoir voyagé de longues années dans la Time Zone (qui serait notre monde réel) avant de retrouver de vieux amis à l’instant où je les avais quittés. En route, j’ai aussi rencontré Cèdre qui rejoint directement le panthéon de mes personnages préférés. J’adore qu’il soit tantôt ridicule et comique, tantôt énigmatique et charismatique.

SORTIE NATIONALE le 29 SEPTEMBRE 2018

L’alternance entre ordinaire et extraordinaire

Au final, cette histoire est assez différente de la première – et la troisième sera encore d’un autre genre –, mais en conservant quelques éléments fondamentaux du premier roman : une intrigue centrée sur Manon et David dont on partage les pensées en alternance, des scènes spectaculaires, des retournements de situation, des révélations, mais aussi des moments de la vie quotidienne que tous les adolescents peuvent connaître. Ce passage permanent de l’extraordinaire à l’ordinaire reste pour moi le véritable sel de cette série.

Les cinq personnages principaux de ce second opus !

Les remerciements d’usage

Je profite de l’occasion pour remercier chaleureusement mes deux béta-lectrices, Julia et Maëlle. Elles ont accepté de recevoir le roman par tranche de vingt ou trente pages avec parfois plusieurs semaines d’attente entre deux envois. Un supplice que je leur ai fait endurer avec bonheur. Leurs remarques, leurs questions, leurs suggestions se sont révélées plus qu’utiles, elles ont sauvé cette histoire du naufrage plus d’une fois ! Merci encore à elles.

Viennent ensuite mes gamma-lecteurs (eux ont eu le droit à l’intégralité du texte d’un coup) qui m’ont souligné bien des points à préciser, voire à corriger. Donc, la bise à Énora, Hervé, Frédérique, sans oublier Linette et Laurette.

Merci aussi à Gilles, compagnon d’invention de toujours qui, pour le coup, n’a rien lu. Mais avec qui j’ai conversé fructueusement avant la rédaction de ce livre au moment d’en élaborer la trame (tout en suant sang et larmes sur son rameur). Mon ami, je t’embrasse.

Un petit mot aussi pour Erwan. J’ai regretté bien des fois que tu ne sois pas là pour discuter de toutes les possibilités de la Time Zone. Je sais que tu aurais été l’homme de la situation pour exploiter au mieux ce drôle d’univers. Malheureusement…

Je ne pense pas à toi que quand ton esprit retors et inventif me fait défaut, mais tout de même ça m’arrive souvent. En l’absence de ton concours, j’ai renoncé à intégrer des règles de Kata dans ce récit (ceci est la plus ultime des private joke puisque la seule personne à même de la comprendre n’est plus de ce monde !).

Bonne lecture…

Sept jours pour survivre

Brrr...

Lu et approuvé !

Sept jours pour survivre

Tout est dans le titre, pas de tromperie sur la marchandise : on va en baver. Ici on se fait enlever, séquestrer, torturer (psychologiquement), on manque de se faire violer, de périr manger par un ours, de se prendre des coups de pelle, de s’engloutir dans un lac à moitié gelé, on rampe dans la neige, on déchiquète une grive avec les dents dans un besoin irrépressible de protéiner son régime alimentaire, on appelle la délivrance de la mort dans l’engourdissement glacial du Grand Nord.

Super, la joie.

Nathalie la pimpante

Comment imaginer en rencontrant Nathalie Bernard, œil étincelant de malice, sourire qui ne demande qu’à virer au rire, qu’elle puisse prendre un soin si méticuleux à faire endurer les pires tourments à son héroïne ? « Quand ton personnage est à terre, frappe-le. » dit l’adage du bon scénariste sadique. Elle applique avec brio ce précepte et me glace le sang au passage. Je la revois décortiquer avec gourmandise ses langoustines au salon du polar du Goéland Masqué. Brrr… un frisson rétrospectif me gagne.

Nous participions à la même table ronde autour de « l’écriture noire » pour les adolescents. Chacun présente ses ouvrages se rattachant au genre : Time Zone pour moi, Sept jours pour survivre pour elle. L’idée est si simple : une jeune fille après avoir échappé à son ravisseur doit survivre dans le Grand Nord des jours durant en slalomant entre les ours, les loups, la faim, le froid. Pas pour moi ce genre d’histoire, pensai-je. Nathalie raconte alors qu’en travaillant à l’écriture du roman, elle en a appris beaucoup sur les Amérindiens et le racisme dont ils sont les victimes encore aujourd’hui.

Bingo, ce n’est toujours pas pour moi, mais pour ma fille ! Cette histoire de survie qui traite de la thématique du racisme, on nage en plein dans ses centres d’intérêt actuels. J’achète l’ouvrage, le fais dédicacer, poursuis la discussion avec Nathalie après la table ronde. On parle écriture, tambouille d’écrivain et fantasme de l’isolement pour travailler tranquille. Madame possède une cabane rien qu’à elle pour se retirer du monde et composer ses romans dans la quiétude d’un fond de jardin. Comme je l’envie !

Nita la survivante

L’histoire pourrait en rester là. J’offre le livre à ma fille qui se l’avale en moins de vingt-quatre heures et ne cesse de m’en parler durant une semaine (l’idée me vient d’écrire : « Sept jours pour survivre au compte-rendu de lecture de Sept jours pour survivre »). Elle me tanne pour que je le lise à mon tour, je cède et comprend vite son engouement : la construction (faussement simple), la prose rapide, économe et efficace, la façon de brosser à gros traits les personnages pour les rendre attachants sans ralentir l’action, tout cela donne une lecture tout à fait plaisante et prenante.

Je n’affectionne pas le genre, je l’avoue, mais comme la cible est ici le lectorat ado on évite certains passages complaisants dans le trash ou le sordide qui n’auraient pas manqué d’émailler le récit s’il avait été destiné à un public adulte. Ici, le pire est suggéré (ce qui est toujours préférable, on s’épuise à le dire) et l’auteure trouve une multitude de petites choses pour montrer le froid, l’épuisement, le découragement, la douleur. Chaque scène fait mouche, comme ce court passage où l’héroïne fait pipi dans la neige et comprend, devant les difficultés rencontrées, qu’elle est au bout de ses forces morales et physiques.

Le suspens tient jusqu’au bout avec au passage des pistes de réflexion qui s’ouvrent ci et là que le lecteur est libre de prendre ou de laisser de côté. On y parle de l’adolescence, du racisme, de l’atavisme, de la culpabilité, de l’accomplissement de soi, de l’importance des origines… Nathalie Bernard pose aussi une question morale fascinante et glaçante à travers tout un passage du roman (celui qui m’a le plus accroché) : doit-on sauver la vie d’un salaud si on le peut ? Doit-on le faire au péril de sa propre vie ? Est-ce que je deviens moi aussi un salaud si je le laisse crever ? Je vous laisse cogiter et vous encourage à lire Sept jours pour survivre pour nourrir votre réflexion !

Brrr...
Prévoir un bonnet et une écharpe !

TIME ZOOOOONE, une looooongue histoire

Elle ne peut plus décrocher !

Où je quitte le port…

Navigation houleuse, souvent. Mais jamais autant qu’avec ce roman ! Première traversée à destination des adolescents, c’est par Time Zone que je quittai les rivages de la série Magicus Codex après deux ans à pêcher dans les trous d’eau, coup d’épuisette après coup d’épuisette, les rocambolesques aventures de la petite Fantig.

L’étape était importante : mes trois premiers bouquins venaient de paraître et je quittais la terre ferme avec le projet fou de vivre de ma plume ! Sacrebleu, ce garçon est inconscient ! Fini le cabotage, je prenais la haute mer, vent pleine face ! Mon bagage d’écrivain était maigre, tout juste si je savais filer les métaphores marines. Il se pouvait qu’au final, mon bâtiment prenne l’eau.

Mon premier ordinateur portable sous le bras, je découvrais la joie d’écrire dans le train, les bistrots et les parcs publics sans avoir à retaper mon manuscrit une fois de retour à la maison. Je sentais mon sujet et m’amusais comme un fou. J’étais persuadé de tenir quelque chose ! Avec une intrigue pareille, ça ne pouvait que cartonner !

Mon premier ordinateur portable
Elle ne peut plus décrocher !
Didi dévorant Time Zone en avant-première

Où je coule par le fond…

Devenir écrivain, c’est noircir du papier ! Devenir écrivain, c’est trousser des rebondissements ! Devenir écrivain, c’est apprendre les figures de style (ici l’anaphore) ! Mais c’est aussi faire chou blanc à publier sa prose. Le texte de Time Zone s’est perdu dans une cinquantaine de maisons d’édition, il s’est égaré sur des bureaux surchargés, il s’est vu parcouru, feuilleté et même parfois lu dans son intégralité, pour ne susciter le plus souvent qu’une réaction désintéressée. Quelques éditeurs m’ont pourtant gratifié de retours autres que la sempiternelle lettre de refus type, des « oui, mais… », des « pas mal, persévérez… », des « bonnes idées, mais trop de métaphores marines… » On y gagne en humilité.

 

Où j’enchaine les abdos et les pompes…

Il fallait rebondir, se remettre en forme, travailler son foncier ! J’avais de nouveau l’idée du siècle pour un roman ado ! Finalement, ce truc avec des gens nés un 29 février qui commettent des meurtres ou qui empêchent que l’on commette des meurtres, c’était nul ! Ce qu’il fallait faire, c’était un truc de capes et d’épées avec comme toile de fond la grammaire française et la réforme de l’orthographe ! Décidément, ce garçon est un inconscient !

Le manuscrit de Time Zone a donc rejoint le dernier tiroir de mon bureau, en bas sur la droite, celui où j’abandonne des textes pour ne plus jamais les ressortir.

Fin de l’histoire.

 

Sauf que ! Sauf que l’idée avait tout de même plu à quelques-uns, et ces quelques-uns m’ont donné des conseils pour affermir le ventre mou qui ondulait flasquement de la page 80 à 120, pour muscler la fin, pour galber le style (fini les métaphores marines systématiques, je me lançais dans la métaphore athlétique et sportive : ventre mou, muscler, galber et tutti quanti…). C’est ainsi que le manuscrit s‘est évadé à plusieurs reprises du tiroir de la honte pour subir des corrections multiples et variées : un papa caché en plus, une histoire d’élection oiseuse en moins, une grosse explosion pour l’action, une histoire d’amour pour l’émotion.

Voilà pourquoi, imaginé et rédigé en 2011, revu une première fois en 2013, une deuxième en 2016 et une troisième en 2017 (la version à paraître est notée V7 dans mon dossier informatique) et après s’être appelé successivement : « 7h41, le temps s’arrête », « L’exil des Bartholons » et « Nés un 29 février », TIME ZONE ne voit le jour qu’aujourd’hui !

 

Où l’on remercie à tour de bras…

Dans l’ordre chronologique, voici celles et ceux qui m’ont aidé à parfaire cette histoire où il est question de temps figé, de service de tennis, d’hennin et d’hypocras :

– Maina, Alwena, Louis, Diane, Aline, Bleuenn, Nadia et Léna !

Et merci aux quatre Fantastiques de Locus Solus : Sandrine, Hélène, Julia et Florent qui, une nouvelle fois, ont fait un travail incroyable pour améliorer le texte ! J’ai particulièrement apprécié quand il a été question d’ajouter deux péripéties importantes au dernier moment ! Quarante pages à réécrire en trois jours ! Oui, je peux le faire, mais que ça ne devienne pas une habitude ! J’ai bien kiffé aussi la relecture intégrale du manuscrit au téléphone la veille du départ chez l’imprimeur, (mon oreille en est encore rouge). Il n’empêche que sans eux et sans ce labeur acharné et fébrile, je ne serais pas aussi fier de vous présenter aujourd’hui ce satané bouquin qui encombre mon esprit depuis maintenant six ans !

Bon débarras, pour moi… et bonne lecture, pour vous !

 

 

un livre à dévorer...
220 pages, 9€90